Category Archives: Extraversion paysagée.

Ténor: Les voix paysagères de l’étang

Ténor : « Les voix paysagères de l’étang » La grande perspective du jardin d’André le Notre mène à l’origine du monde et ces lignes infinies ouvrent des utopies qui se découvrent au fil du temps. Sans perdre de vue l’horizon et le point de fuite, les évènements de l’histoire s’articulent dans l’allée centrale . La mémoire … Continue reading Ténor: Les voix paysagères de l’étang

L’effacement des vagues

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L’effacement des vagues, modélisation 3D en cours de fabrication

 

   L’effacement des vagues vient nous éclabousser . Le déferlement se dirige vers nous, il s’apparente à la vague d’une estampe du graveur-peintre Hokusaï . L’on aperçoit dans l’une des trente-six vues du Mont Fuji les pêcheurs qui jettent leurs filets . La mer, la roche, les mailles se confondent dans les différents plans. A la fois liquide, matériel, transparent cet échafaudage se construit sur le mouvement perpétuel de la houle.

   Dans la scène, les va et vient se superposent dans toutes les directions._De gauche à droite, au bord de l’eau les chaussures herbues se baladent. Ces présences humaines fusionnent avec des formes paysagères . De même, les jantes de paille miment la circulation des voitures longeant la côte. Le vents souffle sur ces vastes étendues, il peut à tout moment changer l’ordre de la composition générale.

   A travers les flots, roi et reine s’enfoncent vers le large de l’histoire de Jacques -louis David au couronnement de Napoléon . Les entités bleues s’autoproclament roi sous la bénédiction d’une pluie de crucifix . Le sacre marque la bénédiction du droit divin, passerelle entre le monarque et dieu. Les couronnes ouvrent les vannes de l’or céleste.

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   Au sein du château, l’immense lit à baldaquin navigue au large de l’histoire. Les coussins du quotidien deviennent les tableaux d’un ciel nuageux. Dans la peinture de Gérhard Richter les frontières se brouillent entre ciel et mer jusqu’à l’effacement.. L ‘oubli nous fait tendre vers cette abstraction de la mémoire. Le vieil homme d’Ernest Hemingway blanchit, s’efface lui aussi, il s’évanouit au loin dans la galerie des glaces, dans l’eau et les nuages.

   Au fil de l’horizon, les rouleaux compresseurs du temps sillonnent le panorama.Leurs bandes de roulement défilent dans un trafic incessant. Les aléas des touristes se raréfient dans un état végétatif. Le musée se joue des vestiges , des souliers et des souvenirs perdus sur les photos de sable gris.

 
 
 
 

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La terre des basses

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La terre des basses, modélisation 3D en cours de fabrication

   Le premier acte de La terre des basses consiste à enlever le couvercle du récipient. L’on découvre alors une marmite bouillonnante qui répand sa substance alchimique aux limites des horizons. Au pied se situe les racines de l’objet, ces innombrables ramifications décrivent une lecture généalogique du sol. Chaque fil s’accroche à la mémoire d’un ancêtre qui vient se connecter et vibrer sourdement à la surface.

   Aux environs , de petites parcelles de territoires frémissent autour de la fibre blanche centrale. La composition fait appel à l’image des champs de coton et des travailleurs noirs afro-américains au 19ème siècle. La dureté du travail mène les hommes à la révolte. Les plus résistants font preuve d’un coffre puissant et les voix du gospel s’élèvent au ciel. Basses, sombre , grave comme la terre,au plus prêt du sol qui tremble, ces citernes plantées comme des arbres oscillent, ancres des hommes immuables. La voix de Paul Robeson résonne descendant la rivière du Mississipi dans la chanson Ol’ Man river. Dans un autre registre, avec la même tessiture vocal, Samuel Ramey incarne les personnages de diable à l’opéra pour évoquer les profondeurs des enfers. Barry White à travers la musique soul reprend l’héritage du gospel en intégrant l’émancipation d’une époque à travers le rôle d’un séducteur à paillette.

   Au centre, la marque du sceau rouge s’imprime pour authentifier la propriété du lieu, des objets. L’application de cette empreinte prouve la présence d’une entité, d’une appartenance humaine à l’espace . Son homonyme, le seau renforce la valeur d’un outil qui se remplit et se vide lié au fonctionnement d’un cœur . L’environnement affirme sa dimension anthropomorphique en prenant sa source vitale au fond de ce puit-pantalon.

   Au bas du vêtement, l’écho d’une barbe blanche s’étend au sol. L’univers humoristique se dévoile sous les traits du druide Panoramix. Les bulles d’une potion magiques se préparent et montent comme une bouffée de légèreté et d’espoir dans l’atmosphère. Le village-famille sera sauvé, pourra se défendre face aux envahisseurs.

   Dans le creux des deux cylindres, l’on vient chercher un sens originel. En référence à l’intériorité des arbres de Giuseppe Penone, l’écorce en bronze devient un tunnel intemporel. Ces deux troncs se transforment en basson à multiple extensions dans l’environnement. Tout vibre et se relie à la toile d’araignée multidirectionnelle, électrique, optique d’un réseau de communication sans limite. Des perles turquoise d’eau de ciel et de terre inonde cette cartographie mondiale.

 

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La maîtrise d’une griffe

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La maîtrise d’une griffe, modélisation 3D en cours de fabrication

   La maîtrise d’une griffe commence par le claquement de doigts d’une main d’or et d’argent. Ce coup d’éclat ouvre le spectacle. Au pied de ce bâton miraculeux, les oiseaux se regroupent pour profiter de ces graines étincelantes. Rouge comme les griffes du diable de l’île de la réunion, ils envahissent peu à peu les lieux.

   Les gestes fusent de toute part, la toile de Lucio Fontana se projette au sol. Trois griffes fossilisées tracent le sillon des lacérations. L’acte d’un instant charge la surface d’une temporalité de millions d’années. Ses différents trains en marche défilent devant nous pour signer les vitrines de la rue et de l’éphémère.

   Le bâton frappe le sol d’une violence prêt à se rompre. Usé mais splendide, l’os est soutenu d’une poignée orthopédique. Un effort qui éblouit à la pointe d’une danseuse étoile classique tournoyant sur la scène de l’opéra.

   En arrière plan , les ciseaux d’Edward aux mains d’argent de Tim Burton sculptent, taille les robes de haies végétales. Les silhouettes comme deux gardes délimitent l’horizon d’une résille métallique. La coupe du couturier Azzedine Alaïa inspirent ces morphologies, le scalpel trace les lignes au plus prêt du corps en héritage des anciens corsets.

   En référence au mythe de Midas, cette main évoque la capacité de transformer ce qu’elle touche en or alchimique. Le geste du créateur devient une maladie contagieuse. Les ailerons surgissent autour d’elle comme la mise en garde d’un équilibre fragile entre proies et prédateurs.

 
 
 

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